L’oeil du rouge-queue.

Si vous tapez dans un moteur de recherche « Le cavalier bleu (der blaue Reiter) », vous aurez la présentation de ce groupe d’artistes du début du 20e siècle – dont Kandinski fut un des représentants – promoteurs d’un nouveau courant d’expressions artistiques. « Der blaue Reiter » est le titre d’un volumineux recueil de textes rassemblés par eux pour illustrer leur démarche.

Gabrielle Münter, une peintre de ce groupe, écrit en 1908: « J’ai fait un grand bond en avant: de la reproduction – plus ou moins expressionniste – de la nature à la sensation d’un contenu, à l’abstraction, au rendu d’un extrait. »

« La sensation d’un contenu. »  Si ce contenu ne peut se mettre en mots, et même faire l’objet d’une quelconque rationalité, l’artiste met toute son énergie et son art à le coucher sur sa toile.

Dans une exposition d’artistes amis, je m’arrête devant ce tableau et je suis saisi par l’oeil du rouge-queue. Il y a là tout autre chose que la reproduction fidèle ou affective d’un objet reconnu comme l’organe visuel d’un oiseau. Il y a ce contenu. Et cela vous est certainement déjà arrivé mille fois, et dans de multiples endroits. Certes, ce sont bien vos sens qui saisissent, mais à la condition de ce réglage fin dont je vous parlais dans ma précédente lettre. Ce sont ces sensations qui vont directement au coeur en court-circuitant l’intellect. Laissez-vous saisir!