Vu à la télé.

Un beau jeune homme, complet veston chic et cravate, très élégant, il est porteur d’une vaste connaissance, ça se voit tout de suite. Il brandit avec un sourire une carte de crédit, et expose sa thèse : « Les quantités gigantesques de plastique que l’humanité produit, puis rejette après un très court usage, finissent en partie dans la chaîne alimentaire, et une étude très sérieuse du sujet en a déduit qu’aujourd’hui, tout humain vivant sur la planète ingurgite à son insu – pas si innocent que ça –  5 grammes de plastique par semaine, cela représente une carte de crédit ». 

Je me mets à divaguer. Une première estimation fournie par un moteur de recherche bien connu donne une production de 300 millions de tonnes par année, soit de 10 tonnes de plastique produites par seconde, et 9 milliards de tonnes accumulées depuis 1950 (le début de l’ère du plastiquozoïque). Selon notre élégant expert, et en considérant nos 8 milliards d’habitants sur cette planète qui mangent 5g par semaine, cela va faire en 52 semaines 2.08 millions de tonnes par année. Il nous faudra donc environ 150 ans pour avaler la production d’une année et 4300 ans pour toute la production mondiale depuis 1950. Autant dire qu’on n’y arrivera pas. Sans compter que, bien qu’il y ait là un recyclage très intéressant des matières plastiques à considérer, il doit en ressortir un nombre important de tonnes au bout de la chaîne (des WC). Là, l’expert ne nous en a rien dit. 

Je n’ai pas pu m’empêcher de poursuivre mes divagations. Voyons, si tout porteur de cartes de crédit commençait par manger les siennes, puis celles des grandes entreprises de distribution, alimentation, textiles, carburants, etc., cela aurait certainement un sérieux effet de coup de frein sur la consommation, donc sur la production et l’usage éphémère de plastique. Je ne calcule rien ici, car il faut faire vite, on nous annonce une future cryptomonnaie nettement moins calorique.

Bon appétit.