La caravane passe.

Un grand silence a suivi les derniers propos du zeniste masqué. Mais aujourd’hui, alors que la caravane coviditaire semble s’étirer en faisant défiler ses derniers décomptes et statistiques, j’ose sortir de mon mutisme, après avoir beaucoup procrastiné. Je recule de quelques pas, histoire de m’éloigner des dernières poussières. Tous les spectateurs, avec me semble-t-il un zeste d’angoisse, attendent maintenant la voiture balai. Je perçois chez eux un petit creux du côté de l’estomac, avec diagnostics divers.

Cette voiture balai, sera-t-elle précédée par une ixième vague et son lot de cendres, une vague têtue comme pour enfoncer dans nos synapses qu’il serait temps de prendre sérieusement quelques décisions ?

Ou serait-ce un espoir (mais déjà illusoire) que le balai va faire place nette, et les beaux jours revenus, nos estomacs baigneront dans la félicité ?

Je sens que beaucoup piaffent d’impatience : vite relancer la machine, aller boire un café à Barcelone. D’autres ont retrouvé, renforcée, leur triste conviction d’impuissance.

J’ose un conseil : cultivez votre petit creux, donnez-lui tout le crédit qu’il mérite, prenez tout le temps nécessaire pour que vos décisions vous laissent le meilleur apaisement possible.