Le clocher du quartier.

Le clocher de mon quartier annonce les cérémonies religieuses, et les heures. Deux fois. Et un coup à chaque demi-heure. Je l’apprécie la nuit, il me permet de me situer, si je ne dors pas profondément à ce moment-là. Si je n’ai pas bien compté la première fois, je peux le faire la deuxième fois. Dans la journée, il ponctue un rituel quotidien, ou marque une échéance sans qu’il soit nécessaire de consulter ma montre ou mon téléphone portable. Parfois, il est en panne. C’est souvent le cas, en hiver. La concierge m’a dit que le froid avait tendance à perturber ses rouages. Il faut donc attendre le réparateur, le délai est généralement long, et il me manque alors quelque chose.

Sa portée est de deux ou trois cents mètres environ, au-delà il est peu perceptible. Cela fait tout de même pas mal de monde dans son rayon. Parmi ceux qui sont le plus proches, il y a probablement quelques agacés par ce bruit, jugé superflu. Mais, qu’on le veuille ou non, il est le marque-temps partagé de toute une communauté dont il cristallise l’existence à chaque heure et demi-heure. Les mêmes « Dong, dong, dong, … » dans toutes les oreilles, simultanément.

Je rêve : cette communauté ne redevient-elle pas parfois ce « Village au fond de la vallée », paroles et musique de Jean Villard-Gilles ? J’aime cette idée : un signe sonore, et une communauté.