Frotter ses yeux.

La lettre de la semaine prend parfois du retard. Vous ne m’en voudrez pas. Ces jours, il est dû à une excursion dans une île grecque, Milos. Ce n’est pas si loin : à peine une demi-journée de voyage, si vous avez pu jongler avec les correspondances. 

 

Île de Milos, pointe de Vani.

Île de Milos, pointe de Vani.

Dépaysement garanti, nous voici dans une perle ocre et sauvage, enchâssée dans son écrin de mer bleue, avec ses liserés de vert-émeraude. Une semaine durant, une petite mais vaillante « quatre-quatre » – il faut ça sur ces pistes de terre battue – nous caracole dans une succession de palettes multicolores, semées de découpes rocheuses. Résidus de boursouflures volcaniques, ciselées par les eaux et le vent, elles prennent parfois l’allure de gigantesques démiurges antiques que les chèvres, qui y gambadent en paix, ont domestiqué depuis longtemps. De loin en loin des touches claires, on croirait de la neige, quelques maisons, un village, une minuscule chapelle avec sa coupole blanche surmontée d’une petite croix.

Et puis le retour. Nos yeux ont-ils changé ? Parce que le miracle est là aussi. Il a juste fallu, l’espace de quelques jours, l’opportunité chanceuse d’un saut dans cet autre univers. Comme lorsque l’on nettoie ses lunettes, ou qu’au matin nous nous frottons les yeux, les ouvrons et redécouvrons le monde.

 

Grand Muveran, au coucher du soleil.

Grand Muveran, au coucher du soleil.