Tout est signe.

Tout ce que peut percevoir nos six sens est signe. Donc tout est signe. La science des signes s’appelle sémiologie, et l’un de ses plus imminent chercheur est sans doute Charles-Sanders Peirce. Et je vous propose cette semaine l’une de ses citations. Accrochez-vous, et si vous n’appréciez pas les longs textes en italique, vous pouvez sauter au paragraphe résumé.

« Les facultés que nous devons exercer pour accomplir ce travail [appréhender correctement les phénomènes] sont au nombre de trois. La première et la plus importante est cette faculté rare, la faculté de voir bien en face ce qui se présente, précisément comme il se présente lui-même, sans le remplacer par aucune interprétation, sans l’adultérer pour tenir compte de telle ou telle circonstance prétendument modificatrice. C’est la faculté de l’artiste qui voit par exemple les couleurs apparentes de la nature comme elles apparaissent. Lorsque le sol est couvert de neige sur laquelle le soleil brille violemment sauf là où il y a de l’ombre, si vous demandez à un homme ordinaire quelle couleur cela lui semble, il vous dira que c’est blanc, blanc pur, plus blanc au soleil un peu plus gris dans l’ombre. Mais ce qu’il est occupé à décrire n’est pas ce qu’il a devant les yeux; c’est sa théorie de ce qu’il croit qu’il doit voir. L’artiste lui dira que les ombres ne sont pas grises mais d’un bleu foncé, et que la neige au soleil est d’un jaune riche. Ce pouvoir d’observation de l’artiste est ce qui est le plus nécessaire dans l’étude de la phénoménologie. La seconde faculté dont nous devons nous efforcer de nous armer, c’est une discrimination résolue qui s’attache comme un bouledogue à la chose particulière que nous sommes occupés à étudier, la poursuit partout où elle peut se terrer et la détecte sous tous ses déguisements. La troisième faculté dont nous aurons besoin est le pouvoir généralisateur du mathématicien qui produit la véritable formule abstraite livrant la véritable essence de la chose examinée, purifiée de tout mélange d’accompagnements extérieurs et sans pertinence. »

Charles Sanders Peirce, cité par Nicole Evaert-Desmedt, dans « Introduction à la sémiotique de Ch.S. Peirce.

Résumé:

Bandes d’abrutis, regardez le monde tel qu’il est!