De onze heures à midi.

Assimiler sa boîte à outils exige de se maintenir en forme. Dans ce but, je vous partage cette ballade. Parce que c’est déjà un rude effort de glisser dans son quotidien cet espace pour s’évader marcher, nager ou véloter (vous l’avez peut-être déjà remarqué : mon petit Larousse saute aux coutures). Aujourd’hui, je m’arrache pour véloter. Chance : la grisaille qui traînait ses basques dans la vallée s’est mise aussi à la gambade, pourchassée par une agression de bleu. Hivernalement arnaché, je peux commencer à mouliner mon petit parcours de plats pimentés de quelques collines. Et qu’y rencontre-t-on entre autres ?

  • un roquet qui du haut de ses trois pommes lance une furieuse et tonitruante attaque, cantonnée à l’au delà du mur qui nous sépare, juste pour ne pas être en reste du formidable système d’alarmes de cette villa fortifiée ;
  • autre chien, gros celui-là, promené en laisse – ça me rassure – par une sorte de grand flandrin, il a une tête d’avoir voté oui ce week-end* ;
  • le camion des éboueurs ; miracle : il effectue sa dernière halte 200 mètres devant moi, et ne sera pas un obstacle à mon échappée du jour ;
  • un chenil (décidément…). C’est une chorale travaillée, probablement pour annoncer la pâtée, un brave toutou s’est même déjà présenté au portail avec sa gamelle dans la gueule ;
  • des millions de pommes, tapis persans en trois dimensions d’un verger non récolté, pas le temps de les compter, la montagne s’approche ;
  • une rivière qui cascade sa fin de parcours, facile pour elle…
  • tout un groupe de marcheurs sur l’autre rive, je les remonte facile, il faut en jeter ;
  • et puis la dernière difficulté de la journée : douze à quinze pour cent pour faire bon poids, mais pas trop long hein ;
  • un téléphone portable sur pattes talonnées, dans un sillage de Chanel no 5 ; pas un regard ;
  • enfin, cerise sur le gâteau, deux ânes m’attendent au sommet de la côte, ils n’applaudissent ni ne formulent aucun son, et je lis dans leurs yeux que j’ai encore oublié les carottes, et c’est pas juste.

 

Bon, c’était pas le tour de France, mais la mitraille du soleil à travers bois et cimes enneigées, c’était bien.

* Ce dernier week-end, les suisses ont décidé à une courte majorité de supprimer la clause de libre circulation des travailleurs européens, une des mesures faisant partie des accords bilatéraux entre la Suisse et  l’Union Européenne.