Le vide et le plein.

Au centre Assise à St-Gervais, 7h du matin, dans la cuisine encore endormie. Par la fenêtre m’arrive un grand champ ondulé d’herbes sauvages, avec pour décor une ancienne forêt, dense de feuillus, au dessus de laquelle émergent quelques sentinelles de chênes et hêtres, plusieurs fois centenaires.

Minuscule, un chevreuil s’aventure à pas de rêve hors de la lisière, grignotant quelques touffes savamment choisies, puis s’évanouit dans les fourrés.

On dit que le temps est suspendu. En fait, il n’y a plus de temps, donc plus de causalité, plus d’avant ni après. Un néant prend de l’épaisseur : commencement du monde, déluge, retour de la colombe un rameau dans son bec, tout cela avec l’esprit du chevreuil et le mien qui battent la même seconde.