Météo.

« Nuages et averses » ont invariablement répété les bulletins météo toute la semaine. Me voilà calfeutré dans un mayen valaisan, à 1700 m d’altitude, avec l’ambition de coucher sur le papier une théologie mystique, en alternance avec une tentative de maintenance de quelques connaissances de la langue japonaise, dans une mémoire traîtresse ou paresseuse, ou les deux. Si les frimas me sont favorables pour cet enferment volontaire, ils laissent indifférentes les deux chattes qui accompagnent ma solitude et qui, entre dormir et manger et dormir, affrontent régulièrement les intempéries avec délectation pour m’apporter régulièrement quelques souris. C’est juste pour me faire croire que elles aussi, elles bossent.

Ça gouttelette et tambourine sur ma tête, le poêle à bois toussote discrètement de temps en temps, une bûche s’effondre, à peine un cri d’oiseau à l’extérieur et c’est à peu près tout sur le fond discret mais continu du souffle de la Navizence, deux à trois cent mètres plus bas. On dirait que tout le vivant de la vallée s’est planqué pour céder l’espace aux monstres ouatés, qui s’en donnent à cœur joie, remontant les vallons pour les dégringoler tout aussi vite, enveloppant au passage les mélèzes, les délivrant ensuite tout nets avec une sorte d’arrogance, comme pour marquer qui commande ici bas, en cet instant.

D’un côté, des prévisions en chiffres : température, millimètres de pluie, centimètres de neige, altitudes, indices de probabilité, et des lettres puis des mots sur le papier, l’écran. De l’autre du ressenti, comme pourrait l’être celui d’un pied quittant sa chaussure humide pour entrer dans une bonne chaussette de laine qui l’attendait au dessus du poêle. Je me fonds dans ces deux espaces qui n’en sont qu’un.