Engranger.

Deuxième semaine au mayen, cette fois avec Josiane, et changement de décor : la météo annonce des jours ensoleillés et une température à la hausse. Du coup, la vallée résonne des mille et une machines fauchant, endainant, chargeant. En trois ou quatre jours à peine, les champs se tissent de toiles amish, une flore multiple se fait encens sous le soleil. Tout le monde s’y met, des renforts familiaux, souvent venus de loin, prêtent main forte. Il faut se hâter, engranger au maximum pour ces vaches, qui ne sont pas des écureuils, avant le retour d’un mauvais jour.

Dans nos promenades quotidiennes, arpentant les sentiers pédestres, nous les croisons ces travailleurs de l’été, la sueur leur a collé sur le visage une poussière fine qu’illumine un bonheur discret, la joie intérieure d’assurer le prochain hiver et cette pérennité d’une vie ancestrale liant hommes et bêtes. Au détour d’un chemin, en pleine forêt de résineux, nous croisons cet homme qui porte sur son épaule deux longues branches de mélèze. Une masse de cheveux blancs, sous sa casquette publicitaire, et la même joie discrète dans ses yeux. « Le bois est gratuit ici, et c’est pas ce qui manque ».

Faire les foins, ramasser du bois pour l’hiver, c’est souvent un rude effort, mais ici ça rend heureux.