Croyance et certitude.
Croyance, conviction, certitude, est-ce bonnet blanc et blanc bonnet ? On peut se lancer dans le Petit Larousse, et y rechercher des définitions. Mais vous connaissez les dictionnaires : on finit toujours par tourner en rond, et au bout du compte, les mots s’auto définissent.
Attaquons par le concret. A la messe, le fidèle entonne, sur invitation du prêtre, le Credo. Du latin « je crois ». Suis une liste qui forme le fondement de la foi catholique. Ce qui se passe dans le cœur des récitants, nous ne le savons pas. Le mot « credo » n’est que le discret sillage d’un périscope, signe d’un sous-marin invisible et profond. Ce signe est accessible à nos sens, donc rationnel, mais pour évoquer un réel qui n’est pas à la portée de nos sens et de nos raisonnements. Ce n’est donc pas au signe lui-même qu’il convient de s’attacher. Ce serait comme mettre toute sa foi dans une croix en bois, un foulard, une tache sur le front ou une robe couleur safran.
Prenons les choses par un autre bout. Vous vous promenez dans votre jardin, admirant ses couleurs, vous marchez inopinément sur un râteau, laissé scandaleusement là par je ne sais qui, et vous recevez le manche en pleine figure. Ce qui se passe alors pour vous, quelques fractions de seconde avant que vos sens et votre cerveau en analysent les causes, est de l’ordre de la certitude.
Bien heureusement, inutile de parcourir tous les jardins du monde dans l’espoir qu’un râteau providentiel se trouve un jour sous votre pied, les dés de l’expérience seraient d’ailleurs pipés. Parce que de telles certitudes, vous en avez tous les jours, et si elles ne sont pas toujours aussi frappantes, elles font parfois tressaillir tout votre être. La plupart du temps, on n’y prend pas garde, on a juste le sentiment de quelque chose d’étrange, cela passe après quelques secondes, et se perd vite dans la reprise de notre quotidien.
Pour celui qui veut aller à la rencontre de certitudes, parce qu’il décide de donner suite à cet appel profond qui nous habite tous (en voilà d’ailleurs une première, de certitude, qu’est-ce que c’est que ce foutu sous-marin ?), il faudra d’une certaine manière payer de sa personne : prendre du temps, apprendre à disposer son corps et son souffle, à mettre en veilleuse ses pensées trop vite promptes à mettre des signes sur ce qui viendra alors à nous. Pour ce travail, zazen est une bonne piste.