La grande question.

Est-il quelque chose, et quoi, et avec quelle intention, à l’origine de notre univers et de tout ce qu’il contient ? Au lieu de dire « quelque chose », nous disons plus souvent Divin, ou Dieu, ou d’autres dénominations encore, pour désigner ce que l’on veut évoquer. A ce signe, nous mettons volontiers une majuscule, ce qui connote le fait que nous donnons à Cela une importance nettement plus grande qu’aux objets ordinaires de notre quotidien. Cette question est à l’origine de toutes les religions depuis que le monde est monde, et chacune y va de ses réponses, pratiquement toujours sous forme de mythes et de textes fondateurs, suivis de rituels, d’institutions, de dogmes, de marques d’appartenance.

La tradition chrétienne décrit un Dieu créateur dans le mythe de la Genèse : «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ». Dans le bouddhisme, il n’y a apparemment pas de cause première assimilable à un Dieu, quel que soit le nom qu’on lui donnerait. Ce qui fait dire que la tradition chrétienne est théiste, et que la tradition bouddhique est non théiste. On lit même parfois que le bouddhisme est sans Dieu, et qu’il s’agit plutôt d’une philosophie. Pour les bouddhistes cependant, tout être vivant possède en lui ce qui est désigné par « nature de Bouddha ». Il y a quand même quelque chose. Et la question primordiale subsiste aussi pour eux, comme pour toutes les traditions.

Alors, quelque chose ou pas ? Au début, ou quand ? Dedans ou dehors ? Dans le zen rinzaï, un système de koans aide le chercheur vers des réponses à ces questions. Je vous en propose un de mon crû:

Un disciple demande à son maître : « maître, ce que je cherche existe-t-il, où est-il, dedans ou dehors ? ». Le maître poussa un râle affreux, comme s’il vomissait tripes et boyaux. Alors le disciple s’éveilla.