Le monde des araignées.

De passage à Paris, j’en profite pour visiter l’exposition qui se tient actuellement au Palais de Tokyo: « ON AIR, carte blanche à Tomas Saraceno ». Tomas Saraceno est, entre autres intérêts, un passionné des toiles d’araignées. Il en possède la seule collection au monde, provenant de diverses régions de la planète. 

Palais de Tokyo, Tomas Saraceno, 10.12.2018

Ne me demandez pas comment il se les procure – certaines toiles occupent un espace d’au moins 25 m3 –  mais ce sont de véritables toiles.

L’araignée tisse, et elle constitue ainsi son univers. Un insecte piégé, un courant d’air, une modification de température, d’humidité, de qualité de l’air, un son, enfin toutes les perturbations de l’espace lui parviennent sous forme de vibrations qu’elle interprète pour sa survie. 

Thomas Caraceno, accompagné d’une cohorte d’artistes et de scientifiques, nous entraîne alors dans une réflexion qui concerne l’humain. Ce dernier, empêtré dans des réseaux économiques et sociaux, a perdu, ou du moins mis à bonne distance de ses préoccupations son rapport à l’environnement. Les capteurs de son espace de vie, contrairement à ceux de l’araignée, ont été oubliés, ou débranchés, et ils n’agissent plus sur son comportement. Cependant, une communauté citoyenne, « Aérocène », se constitue depuis quelques années autour de l’artiste pour reprendre contact avec cet espace de vie, l’anthropocène, cette époque géologique qui est pour la première fois dans l’histoire de notre planète modifiée par l’activité humaine. Le type de fonctionnement de cette communauté est « open source », c’est-à-dire que tous les projets développés pour se reconnecter, telle une araignée dans sa toile, à son univers, sont mis gratuitement sur une autre toile, le net, avec la volonté qu’ils soient à la portée de tous, par exemple en présentant la fabrication d’appareils de mesure ou de dispositifs volants, tout cela à moindre coût.

Si vous avez la chance de visiter cette exposition, avant le 6 janvier, dernier jour, vous serez alors moins enclins à faire la guerre aux toiles d’araignées et peut-être un brin plus à l’écoute de votre propre espace.

Du fond de sa toile

Au chant des galaxies

L’araignée répond.

André