Transmission.

Les véhicules que nous utilisons pour transmettre qui nous sommes, lorsque nous avons l’illusion de le savoir, peuvent être très divers. Virons d’emblée les techniques internétiques dans la poubelle d’un nuage virtuel de gygaoctets à la puissance mille, déjà anéanti la seconde suivante pour faire place au suivant. L’écriture sur papier reste, certes, mais la maîtrise des mots est un art difficile, le savoir écrire est exigeant, et les connotations, comme des virus saisonniers, infectent souvent le message de façon imprévisible, s’il n’a pas été perverti dès le départ. Jetez un regard sur votre bibliothèque, et pointez les ouvrages que vous considérez comme réussis à cet égard. Ils ne manquent pas, mais on est dans le domaine de la grande littérature. 

L’expression orale alors. Elle a l’avantage du direct, vous êtes en contact avec votre interlocuteur, mais que va-t-il saisir de vous ? Parce qu’il ne reçoit pas seulement vos mots, avec la propre résonnance que sa perception en donne, mais tout ce qui émane de votre corps et qui le touche au travers de tous ses sens. Il faudra reprendre, répéter, préciser, rechercher ensemble les harmonies. 

Reste ce que nous sommes au quotidien. Un maître zen, à qui la question : « comment transmettre aux enfants ? » était régulièrement posée, répondait invariablement : « vos enfants s’élèvent sur votre dos ». Cette réponse déborde aussi sur les adultes qui nous entourent. 

J’écris au plus près de ma conscience, tente de dire au mieux, veille à ce que chacun de mes actes soit l’expression conforme de ce pourquoi je suis là, en gardant l’esprit libre et dégagé. Ça ne marche pas toujours ! Attention, attention ! La seconde d’après éclate le ratage. Corriger, lorsque je peux, y veiller de manière encore plus attentive ensuite.   

André !

Oui ?

Tu es là ?

Oui.

Bien là, attentif ?

Oui, oui.