Swissair, 18 ans après.

Vous souvenez-vous : il y a 18 ans, la compagnie d’aviation suisse, Swissair, qui portait loin les couleurs de notre sage et confortable pays, se « groundingissait », soit faisait une faillite retentissante, laissant des milliers de passagers bloqués dans divers aéroports et presque autant d’employés sur le tapis du chômage. 

Pourquoi remuer ce triste événement ? Eh bien, parce que le Tribunal Fédéral Suisse vient récemment d’écarter définitivement toute responsabilité de la part des anciens dirigeants de la compagnie. 

Jean-Claude Donzel, à l’époque porte-parole de Swissair, a eu au micro de la radio romande le 30 novembre 2019 ces mots désabusés :

  1. Il a fallu 18 ans pour que la montagne accouche d’une souris ; ça fait un peu beaucoup.
  2. L’incompétence n’est donc pas punissable du point de vue juridique.
  3. Quand une entreprise fonctionne bien, on donne de gros bonus aux dirigeants, quand tout va mal, personne n’est fautif.

Quel était donc le profil de ces dirigeants incompétents ? Un peu banquiers, un peu politiciens influents, un peu gros actionnaires fortunés, ou peut-être les trois à la fois. Les uns jouaient un jeu de casino, ça passe ou ça casse, mais il y a toujours une porte de sortie, les autres veillaient à ce que le système politique et juridique de la Suisse conserve cet esprit « libéral » qui a tant fait la prospérité de notre pays. 

Alors que, selon une affirmation de plus en plus largement partagée par la communauté scientifique, nous allons droit dans le mur – un grounding nettement plus inquiétant – quel est le profil de nos dirigeants, ceux qu’une légère minorité de citoyennes et citoyens électeurs (participation environ 45%), ont élus aux chambres fédérales récemment ? Je les espère compétents, ce n’est pas le plus dur, mais surtout responsables.