Zazen, une troisième raison.

Y a-t-il, pour l’Univers tout entier, ou pour tout agglomérat de matière, toute composition vivante, toute communauté humaine, y a-t-il pour moi-même, une cause première à laquelle d’ailleurs les humains donnent généralement un nom, comme Divin par exemple, ou tout autre nom?

Cette question nous habite tous, à un moment donné ou à un autre, que nous soyons nés dans une société où sa réponse est massivement prônée, ou pas. D’ailleurs cette question fondamentale semble jaillir du dedans de nous, à intervalles et intensité plus ou moins forte, ou alors brusquement et de manière lancinante, comme indépendamment de toute influence extérieure, comme si elle était elle-même une brique de base de notre être.

Comment s’y prendre si un jour une volonté farouche d’en avoir le coeur net s’impose?

Comme cette question s’est posée dès l’aube de l’humanité, les pistes offertes pour sa résolution sont innombrables. Très humblement, je propose ici zazen. Zazen ne coûte qu’à peine un mètre carré d’espace, un futon et un zafu, ou petit banc. Par contre, c’est exigeant en temps et surtout en persévérance. 

Premier axiome de base: la question étant prioritairement en moi, sa réponse, ou le début du fil sur lequel il faudra tirer pour l’atteindre, est prioritairement en moi. Ensuite, second axiome, cette réponse ne peut pas appartenir à mon ego, cette citadelle patiemment construite pour ma survie grâce à mes facultés rationnelles de pensées. En conséquence, pratiquer zazen remplit exactement ces conditions: être totalement rien dans un univers infini. Seuls sont ouverts au phénoménal, aussi bien du dedans que du dehors, mes six capteurs qui sont l’oeil, l’oreille, le nez, la langue, le corps et l’organe de pensée, en amont de mes facultés mentales, mises en « stand by », elles qui travaillent d’habitude ces sensations rationnellement. 

S’en suivent des expériences, et zazen n’est pas à pratiquer seul. Pour cet objectif, il vaut mieux trouver une personne avancée sur le chemin dans un groupe reconnu de longue date pour partager, et petit à petit affiner son parcours. Ces personnes et ces groupes existent, mais il faut bien chercher. Etre vigilant et toujours attentif à cette intuition en nous, d’ailleurs amie de la question, qui ne nous trompera pas. Elle se manifestera tant qu’une véritable paix ne se sera pas installée. Cultivons le doute tant qu’il est là. L’humain possède tous les outils nécessaires pour s’engager dans ce chemin.

(Les huit outils de l’humain, in « lettre de la semaine » du 17 et 27 décembre 2013, 8, 16, 30 janvier 2014, 15 février 2014, 13 et 19 juin 2014).