L’intellect.

Voici pour sa quête le quatrième outil de l’humain. J’espère cependant que cette lettre ne prenne pas trop un caractère intello, en sollicitant justement chez le lecteur cet outil, ce qui met d’ailleurs en évidence une de ses curieuses facettes, une certaine propension à la lourdeur et l’ennui. 

L’humain est homo sapiens. Il pense. Ou plutôt : il est capable de raisonner, c’est-à-dire de gérer sa pensée avec cohérence. Et c’est plus qu’utile, tout à fait vital pour survivre physiquement dans son environnement. Mais ce n’est pas là la principale qualité de cette faculté. Il peut créer des signes, les partager, faire part ainsi, par la parole et l’écriture, de ses expériences, de ses sentiments, des résultats de ses recherches, qu’elles concernent sa quête ou ses découvertes. Il peut gérer ainsi une vie communautaire, mais aussi transmettre à la postérité tous les fruits de ses démarches.

Curieusement, cet outil ne sera dans un premier temps d’aucune utilité pour sa quête, pour s’engager dans un plongeon vers la source de son être. En effet, l’humain l’utilise aussi pour son ego, cette croyance qu’il est son propre maître. S’il est alors capable d’une pensée cohérente, il est aussi capable de falsifications de lui-même. Et il le sait. S’il veut donc s’en prémunir dans sa quête de sens, il faudra savoir mettre cet outil en veilleuse et cela va entraîner une des principales difficultés de son chemin. Dans un second temps, l’outil sera alors indispensable pour en partager à autrui les étapes, actes d’expériences fondamentalement inexprimables, mais que l’usage de certaines formes de signes: récits, contes, dialogues fictifs,  narrations, mythes, paraboles, métaphores, symboles, expressions artistiques telles que poésie, arts plastiques, musique, etc. – va rendre possible. Là, la créativité de l’humain, servie par son intellect, pourra se déployer en toute générosité.