Ame ni mo makezu

(Ne pas se laisser abattre par la pluie)

poème de Kenji MIYAZAWA (1896 – 1933), découvert après sa mort.

 

Ne pas se laisser abattre par la pluie, ni par le vent, ni par la neige, ni par la touffeur de l’été.

Le corps solide, sans avidité, sans emportements, toujours dans une tranquille allégresse.

Chaque jour, une bonne ration de riz complet avec du misô et quelques légumes.

À l’égard de toutes choses, ne pas se mettre dans les émotions.

Bien voir, écouter, comprendre, puis ne pas oublier.

Dans l’ombre d’un bois de pins en lisière des champs vivre dans une petite cabane au toit de chaume.

Quand, à l’est, un enfant est malade, y aller, le soigner.

Quand, à l’ouest, une mère est épuisée, y aller, la décharger de sa lourde gerbe de riz.

Quand, au sud, quelqu’un est à l’article de la mort, y aller, lui dire de ne rien craindre.

Quand, au nord, il y a querelle, litige, y aller, dire d’arrêter, pour si peu.

Lors d’une sécheresse, verser des larmes.

Lors d’un été pourri, en empathie trembler pour l’avenir.

Loin d’être complimenté, être traité de bon à rien.

Me tenant à l’écart, voilà le bonhomme que je souhaite devenir.

Traduction: Philippe Jordy et André Scheibler. Je vous en dirai un peu plus sur Kenji Miyazawa la semaine prochaine.