Votre zafu intérieur.

Pour donner résonance à cette cavité vide en vous, vous avez choisi zazen. Bon choix. Posture, souffle, non-pensée. Pour la posture, un petit zafu, cette « pétole noire » comme disait Corinna Bille, fait l’affaire, lorsque l’on a trouvé la bonne hauteur et le bon rembourrage. Il y a aussi le petit banc, qui ménage les genoux occidentaux mis à l’épreuve par une position en demi-lotus alternée, ou pour les plus braves en lotus complet. Et lorsque l’âge, les accidents ou la maladie ont rendu nos os et jointures moins souples, la chaise s’impose, avec un réglage délicat pour bien distribuer son poids sur les deux pieds et les ischions, et permettre à la colonne vertébrale d’être plantée bien en équilibre sur ces nouvelles bases. Passer du zafu au petit banc, puis à la chaise, ne le considérez jamais comme une négociation à la baisse de votre ascèse. Car nous sommes tous exactement au même niveau. L’objectif primordial de la posture (et du souffle, et de la non-pensée), c’est de se poser sur son zafu intérieur. Les japonais le nomment « hara ». Il se situe en dessous du nombril et s’étend vers le périnée, et même au delà. Il ne pèse rien, vous pouvez l’emmener partout, et surtout l’utiliser en tout temps, dans chaque acte de votre quotidien, et même dans votre sommeil. Lorsque vous marchez dans la rue, vous faites la vaisselle, vous écoutez l’autre, tous vos sens et votre attention sont en action, mais vous reposez solidement sur votre zafu intérieur. Résonance continue avec votre intériorité, l’Être que vous êtes, voilà le but de zazen.