Connaître l’autre (suite de la lettre du 26.11).
Pourquoi l’autre pourrait-il me rassurer? Josiane a été cherché la pomme, et rien à voir avec un certain mythe. Mais qui est Josiane? Puis-je connaître Josiane comme je connais le monde? Non pas COMMENT est Josiane, mais QUI est Josiane? Connaître autrui signifie que je sois capable de me décentrer de moi-même pour que l’autre ne soit pas connu QUE selon mon propre référentiel. Il s’agit donc de me court-circuiter, de faire l’mpasse sur comment je suis – ce que j’ai l’illusion de connaître assez bien – pour m’ouvrir à ce qui n’est pas moi, ce qui est autre justement, ce qui en fait tout l’intérêt. Alors je découvre du nouveau, je m’y immerge pour saisir d’autres points de vue, d’autres joies, d’autres peines. Est-ce que je les comprends? Non! Car connaître n’est pas comprendre, mais prioritairement indéniable expérience. Les mots viendront plus tard, comme ceux d’un clair de lune partagé à travers la fenêtre du zendo, ou les premières mesures du Miserere d’Allegri.
Connaître l’autre est infiniment plus enrichissant que nos petites compréhensions, certes parfois bien utiles. Vous aurez devant vous l’altérité. Cela ouvre à une réalité réelle, au delà de vous-même. Vous n’êtes plus seulement cette petite machine pensante enfermée dans un tissu de perceptions et d’images mentales.
Cerise sur le gâteau, cette ouverture à l’autre va vous ouvrir à vous-même. QUI êtes-vous, en somme? Mettons le mot « Divin » pour l’instant sur le domaine dans lequel nous voilà entraîné, et je pose la question: « puis-je connaître le Divin comme je connais l’autre, et comme je connais le monde? » A la prochaine lettre, c’est l’heure du café.